
Bienvenue sur la cinquante-cinquième édition
des jeudis Natura 2000 Garonne en Occitanie
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L'Anguille d'Europe
Espèce au rythme de vie particulier, venez découvrir la seule Anguille d’Europe qui bénéficie des actions Natura 2000.
Reconnaître l'espèce
L’anguille européenne est particulièrement reconnaissable avec son allure proche du serpent et un aspect cylindrique. Elle possède de petites nageoires pectorales et une unique nageoire allant du haut du dos jusqu’à l’anus. Elle est recouverte de petites écailles et produit énormément de mucus, ce qui lui donne un aspect visqueux et l’aide à se déplacer.
Transparente à leur naissance, elle devient brune avec le ventre jaune en phase adulte et argentée lors des périodes de migration.
Source observatoire Rhône Méditerranée
En moyenne, les individus font une cinquantaine de centimètre et peuvent peser jusqu’à 6.6 kg.
L’anguille européenne est présente, comme son nom l’indique, sur l’ensemble du continent européen et même sur les côtes nord-africaines. Elle est capable de s’adapter à une grande variété de milieux et de températures.
Elle était présente, historiquement, sur le bassin de la Garonne jusque dans les rivières pyrénéennes. Le suivi des populations est assuré par l’association MIGADO, grâce à des pêches et des compteurs dans des stations de contrôles.
Source Migado
Un rythme de vie à contre-sens
L’anguille est ce que l’on appelle un poisson amphihalin et migrateur, c’est-à-dire, qu’elle a la capacité de vivre alternativement entre les milieux salés et les milieux d’eau douce. D’habitude, les poissons migrateurs, tel que le saumon atlantique, naissent dans les cours d’eau, les dévalent et vont grandir en mer avant de venir se reproduire sur le site de leur naissance.
L’anguille reste assez mystérieuse mais d’après les résultats des études scientifiques, la reproduction a lieu au fond de la mer des Sargasses, proche des Caraïbes. Les larves ou civelles sont ensuite portées par les courants marins jusqu’aux bordures continentales, européennes notamment. Elles remontent petit à petit dans les cours d’eau pour grossir et atteindre leur taille et poids adulte. Cela peut prendre entre 3 à 18 ans.
Lors de cette phase, elles deviennent ce qu’on appelle des anguilles jaunes. Puis elles se métamorphosent en anguilles argentées pour entamer leurs dévalaisons et leurs migrations à travers l’océan jusqu’à la mer des Sargasses.
Fait intéressant, il semblerait que le site de reproduction dans la Mer des Sargasses est l’unique lieu de reproduction pour la totalité des espèces d’anguilles dans le monde.
Partie menaces/ extinction
L’Anguille a longtemps été considéré comme une espèce florissante. Cependant, depuis les années 90, la population européenne s’est effondrée. Entraînant son classement « en danger critique d’extinction » en 2007, selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Elle a aussi été inscrite dans la convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction (CITES) afin de la préserver dans le cadre des pêches internationales.
Ce déclin de population est, comme souvent, dû à de nombreux facteurs, mais on peut citer avant tout les points suivants :
- Le braconnage sur les jeunes anguilles
- La dégradation de la qualité de leurs milieux
- L’interruption des rivières à cause des barrages hydroélectriques
- Le passage dans les turbines hydroélectriques lors de la dévalaison
Depuis le classement dans la catégorie « en danger critique d’extinction », des plans européens ont été mis en place afin de coordonner des actions permettant la protection des anguilles. De gros efforts ont été fait sur les barrages hydroélectriques pour les adapter et permettre le maintien de la continuité écologique. En plus des actions sur les ouvrages, de nombreuses actions ont été menées dans le cadre des politiques de l’eau et de protection de la biodiversité comme Natura 2000. En effet, l’Anguille utilise les mêmes milieux que ceux des saumons par exemple, et ils bénéficient des actions d’amélioration des habitats naturels dans le cours d’eau.
Ces dernières années, les différentes mesures de protection ainsi que le rétablissement de la continuité écologique sur les cours d’eau ont l’air de porter leur fruit. L’ascenseur à poissons de Golfech, qui est maintenant équipé d’une rampe à anguille, nous permet de connaître le nombre d’anguilles qui remonte par ce dispositif. Cela nous permet observer une tendance à l’augmentation de la quantité d’anguilles qui remonte la Garonne. Par rapport à 2021 la quantité d’anguilles qui est passée dans l’ascenseur a été multipliée par plus de 10 en passant d’environ 38 000 à près de 443 000 individus.
Cette augmentation d’anguilles, au niveau de Golfech, montre qu’il y a toujours une forte arrivée de juvéniles dans la Gironde et que ces juvéniles ont d’ores et déjà rempli les parties plus basses des cours d’eau et commencent à se développer sur les parties supérieures du bassin versant de la Garonne.
Malgré le fait que les chiffres soient à la hausse, il faut continuer de poursuivre le travail entamé depuis de nombreuses années sur la protection des espèces et de leurs milieux. Un gros travail international doit être poursuivi afin la protection.
Pour aller plus loin :