N° 57 - le Vison d’Europe, des populations à sauvegarder

Jeudi 2 octobre 2025

Petit mammifère discret, dépendant du bon état des zones humides, le Vison d’Europe est inscrit dans la plupart des sites Natura 2000 et présent dans quelques départements de la Nouvelle-Aquitaine. Il est aujourd’hui fortement menacé et fait l’objet d’un Plan National d’Actions (PNA) depuis 2021 (le troisième depuis 1999), afin de préserver et restaurer l’espèce. Cette année 2025, une réintroduction en milieu naturel a eu lieu, une première en France ! Dans le cadre de l’animation Natura 2000 de la Garonne en Nouvelle-Aquitaine, les enjeux liés à cette espèce sont pris en compte aussi bien dans les projets d’aménagement que dans les actions de restauration écologique.

 

Description de l'espèce

 

Le Vison d’Europe a une silhouette typique de la majorité des Mustélidés avec un corps mince et allongé (31 à 42 cm pour les mâles et 30 à 38 cm pour les femelles) et court sur pattes, sa hauteur étant d'environ 10 cm au garrot. Il possède une tête légèrement aplatie se terminant par un museau court et large et un poids pouvant aller jusqu’à 1,5 kg pour les mâles et 670 g pour les femelles. 

 

Figure 1 : Différence d'apparence entre les Visons d'Europe et d'Amérique et le Putois d'Europe.

 

Son pelage est uniforme brun sombre avec des reflets plus ou moins roux et les pattes et la queue pouvant tirer sur du noir. L’une de ses caractéristiques est la tache blanche recouvrant les lèvres supérieure et inférieure ce qui permet de le différencier du Vison d’Amérique dont la tâche est uniquement présente sur la lèvre inférieure, on peut facilement le confondre avec le putois d’Europe (cf. figure 1).

 

Habitat

 

Le Vison d’Europe est inféodé aux milieux humides et aquatiques. Il s’éloigne rarement du réseau hydrographique, jamais à plus de 150 mètres d’un cours d’eau. Il fréquente tous les types de zones humides des eaux de surface continentales à condition que les interfaces eau-terre soient densément végétalisées (aulnaie, saulaie, prairies à joncs, cariçaies…). 

 

Figure 2 : Habitats favorables au Vison d'Europe. De gauche à droite : un réseau de canaux et marais (JP Baudet, OFB), un marais ouvert (T. Ruys, GRIFS) et un grand cours d'eau avec ripisylve dense (Y. Bressan, OFB).

 

Il peut s’éloigner de ces milieux humides pour se déplacer d’un bassin versant à l’autre notamment lors des phases d’émancipation. Les espaces intermédiaires constituent de véritables passages pour l’espèce dès lors que la végétation y est suffisamment développée. Les gîtes sont préférentiellement installés à proximité de l’eau, à même le sol, à l’abri d’une végétation dense ou dans des zones abritées (cavités, anciens terriers, tas de bois…).

 

Comportement

 

Le Vison d’Europe est essentiellement nocturne et crépusculaire, parfois diurne pour les mâles en période de reproduction ou les femelles élevant les jeunes. C’est une espèce solitaire, les rencontres femelles-mâles ne se faisant qu’en période de rut (janvier à avril). L’espèce occupe un territoire entre 0,6 et 17 km de linéaire de cours d’eau, soit 3,6 à 100 Ha d’habitats fluviaux.  

Pour les déplacements, il existe une forte variabilité des distances journalières selon le sexe, les individus et les saisons. Les mâles sont les plus mobiles avec une distance parcourue d’environ 35 km à vol d’oiseau en période de rut et 70 km en dispersion. L’étude de ces paramètres reste difficile au regard des effectifs de populations très faibles et des habitats fragmentés. 

Sa communication est un gloussement, un cri aigu en cas de danger. Le son de son cri est un des critères d’identification pour le distinguer de son cousin d’Amérique, le vison d’Amérique. 

 

Répartition géographique de l'espèce

 

Figure 3 : Répartition géographique européenne du Vison d'Europe.

 

Autrefois, le Vison d’Europe occupait une grande partie du continent européen à l’exception de la péninsule scandinave, des îles britanniques et des pays méditerranéens. Depuis les années 1850, son aire de répartition a chuté de 90 % avec une tendance exponentielle à partir de la seconde moitié du XXème siècle menant à son extinction dans de nombreux pays. Actuellement, la population est morcelée en différents noyaux isolés. Toutes les populations sont dans une situation très préoccupante avec un effectif total estimé à quelques milliers d’individus seulement.

 

En France, les populations ont bien régressé, pour finalement n’être présente dans seulement 40 départements à la fin du XXème siècle. Dans les années 1950, l’espèce est seulement présente sur la façade atlantique, puis 20 à 40 ans plus tard (1970-90), elle disparaît de la Bretagne, du Pays de la Loire et enfin, au début des années 2000, on ne la retrouve qu'en Aquitaine et Poitou-Charentes. 

 

Aujourd’hui, l’espèce semble en forte régression sur l’ensemble des départements de l’ancienne Aquitaine où le Vison d’Europe a perdu 90 % de son aire de répartition entre 2000 et 2007. La difficulté de détection de l’espèce amène toutefois à une grande prudence. Dans le cadre du PNA, le Vison doit être considéré comme présent dans un grand-quart Sud-Ouest. Les investigations menées dans le cadre du PNA en faveur du Vison d’Europe et du LIFE VISON ont permis de confirmer la présence de l’espèce en Charente-Maritime, en Charente, en Dordogne et dans les Pyrénées Atlantiques.

 

Figure 4 : Répartition géographique du Vison d'Europe sur la façade sud-ouest de la France.

 

Le Vison d'Europe, une espèce protégée

 

Le Vison d’Europe est une espèce protégée tant au niveau national qu’international. Il est inscrit aux annexes II et IV de la Directive Habitats et à l’annexe II de la Convention de Berne. Au titre de la directive européenne Habitats-Faune-Flore du 21 mai 1992, l’espèce est prioritaire pour l’UE, imposant ainsi une protection stricte de l’espèce dans son aire de répartition naturelle et prévoyant la désignation de Zones Spéciales de Conservation, dans le cadre du réseau Natura 2000. Cette désignation doit contribuer au rétablissement du Vison d’Europe dans un état de conservation favorable. 

 

Accès au niveau des sites Natura 2000

 

Le Vison d’Europe fait partie des espèces protégées inscrites sur le site Natura 2000 de Garonne en Nouvelle-Aquitaine. Plusieurs actions au sein de contrats Natura 2000 visent à préserver les habitats du Vison ou améliorer certains corridors de déplacements comme les ripisylves. 

 

A titre d’exemple, la commune de Saint-Macaire en Gironde, s’est engagée dans la restauration d’une mosaïque d’habitats humides à travers un contrat Natura 2000, favorable pour le passage du Vison d’Europe. Un projet similaire est envisagé en 2025 sur la commune de Virelade (33) sur une parcelle boisée en bord de Garonne, à l’écart du bourg du village. Au lieu de la prairie, un boisement sera partiellement rouvert avec des ornières naturelles qui permettront de conserver le caractère humide et sauvage de la parcelle. Une haie champêtre devrait être plantée en bordure afin de conserver la quiétude du site malgré le passage des promeneurs. 

 

Action au niveau du PNA en faveur du Vison d'Europe

 

Figure 5 : Jeunes Visons d'Europe - Zoodyssée CD79.

 

Le Vison d’Europe bénéficie d’un programme de protection à travers les plans nationaux d’actions (PNA) dont les premiers datent de 1999 et 2007. Un PNA intermédiaire a été mis en place de 2015 à 2021 avant de laisser place à un troisième PNA en vigueur aujourd’hui, sur 10 ans : 2021-2031.

 

Ce PNA est structuré en 5 axes :  

  • Améliorer les connaissances,
  • Mettre en œuvre un élevage conservatoire du Vison d’Europe et une stratégie de lâchers dans le milieu naturel,
  • Limiter les impacts du Vison d’Amérique et d’autres espèces allochtones sur le vison d’Europe,
  • Contribuer au bon état des habitats du Vison d’Europe et lutter contre les autres menaces
  • Communiquer et former sur le vison d’Europe et les actions du PNA.

 

Afin de préserver l’espèce et de permettre des réintroductions, l’OFB et la GRIFS travaillent avec le parc animalier Zoodyssée des Deux-Sèvres et la Réserve zoologique de Calviac en Dordogne, représentant les deux centres d’élevage en France (cf. figure 6).

 

Figure 6 : Enclos d'acclimatation des Visons d'Europe (OFB) et passage d'un Vison d'Europe hors de l'enclos (Fifo Distribution).

 

Les 7 et 25 août 2025, respectivement 5 et 3 individus nés en captivité en mai dernier, ont été réintroduits dans la nature, ce qui est une première en France ! Ces réintroductions ont eu lieu à proximité des noyaux actifs de Vison d’Europe sur le bassin versant de la Charente. Les individus ont été placés dans des enclos d’acclimatation pendant deux semaines avant d’ouvrir les trappes pour laisser les individus sortir (cf. figure 7). 

 

Figure 7 : Sortie d'un Vison d'Europe de l'enclos.

 

Ces individus sont suivis par radio-télémétrie par les équipes de l’OFB, du GREGE et de la LPO. Les lâchers ont été filmés et sont disponibles dans la vidéo ci-dessous : 

 

 

Pour en savoir plus

 

Notre site ressources documentaires
Le site du SAGE Garonne sage-garonne.fr
Etablissement Public Garonne
Gascogne & affluents pyrénéens
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Tél. 05 62 72 76 00